Carrefour écrasé dans le livre d’un ancien collaborateur dans les relations avec les franchisés
Les franchisés sont-ils les « vaches à lait » du distributeur Carrefour ? C’est ce qui est indiqué dans Carrefour, grosse arnaque (Editions du Rocher), Jérôme Colombel, ancien directeur juridique du département contentieux qui a quitté le groupe en 2017 après un burn-out.
Le chemin difficile vers la rentabilité
Dans son livre, il cite plusieurs témoignages d’anciens franchisés ayant changé de marque, selon lesquels les prix de gros et les prestations externes spécifiques (un auditeur ou un technicien de maintenance agréé Carrefour par exemple) sont bien inférieurs à ceux des autres enseignes. Deux d’entre eux l’ont également déclaré à l’AFP.
En raison de prix d’achat plus élevés à la centrale et d’un service moins utile que les concurrents, les détaillants franchisés ont eu plus de mal à être rentables sous l’enseigne Carrefour, confirme Jérôme Colombel. A moins d’augmenter les prix de vente, avec le risque de refuser des clients en période de forte inflation.
Quant à la relation contractuelle, elle sera particulièrement déséquilibrée lorsque Carrefour détiendra une partie du capital de l’entreprise franchisée, ce qui est un cas assez courant, comme le souligne Jérôme Colombel. Dans un tel cas, Carrefour détient une participation minoritaire mais suffisante pour empêcher un changement de marque, voire pour récupérer le magasin en cas de départ du franchisé.
Défendre Carrefour
Répondant à une question de l’Agence France-Presse deux jours avant la parution du livre, Carrefour a répondu que « celui-ci a été signé par un ancien salarié qui a quitté le groupe il y a six ans et dont l’activité professionnelle, depuis son départ, a été de prodiguer des conseils ». aux franchisés pour qu’ils puissent mobiliser des groupes concurrents. » Mais Carrefour se défend en affirmant : « L’argument de l’auteur va à l’encontre de l’attractivité d’une franchise qui permet à des milliers de partenaires de bénéficier de sa croissance », tout en comptant « au moins 250 nouveaux associés rejoignent le groupe pour créer ou acquérir un magasin en franchise. .
La relation de Carrefour avec ses franchisés « n’a jamais été affectée par les arguments de l’auteur, ni par les rares cas de litiges cités en exemple qui traduisent des désaccords ponctuels » et représente, selon l’enseigne, « moins de 1 % de nos contrats de franchise ». Jérôme Colombel affirme dans son livre « accompagner plus de six cents » franchisés. Après avoir été visé par une plainte pour vol, extorsion et tentative d’extorsion de la part de Carrefour, il a été relaxé de ces accusations par le tribunal correctionnel de Caen en janvier dernier.
Les enseignes de grande distribution, notamment Carrefour, s’appuient de plus en plus sur le modèle de la franchise, qui leur permet de maintenir leur surface commerciale et donc leur niveau de ventes tout en externalisant un certain nombre de dépenses, à commencer par les salaires ou les investissements en magasin.