Des vers de terre sains dans un sol sain
(Editorial) Même si l’importance des vers de terre dans la production agricole vient tout juste d’être mesurée par une équipe de recherche, c’est la vie de l’ensemble du sol qui mérite d’être mieux protégée et étudiée, dans le but d’améliorer la résilience de la production agricole.
Les vers de terre sont les habitants les plus connus des sols, et constituent la première biomasse animale : une tonne par hectare en moyenne, et près de quatre fois plus dans la prairie normande par exemple. Une forte présence de vers de terre est associée à un sol sain. Mais dans quelle mesure ces invertébrés contribuent-ils à la production agricole ? Quel est leur véritable poids dans la détermination de la performance ? Des chercheurs américains se sont posés ces questions et ont estimé pour la première fois l’impact des vers de terre sur la production agricole mondiale. Leur étude montre qu’ils contribuent à 6,5 % de la production mondiale de céréales et à 2,3 % de la production de légumineuses, car les légumineuses travaillent à fixer leur propre azote, réduisant ainsi leurs besoins en azote minéral dans le sol.
Un monde inexploré
Même s’il s’agit d’une première approximation qui, de l’aveu même des chercheurs, nécessite des investigations plus approfondies, elle présente l’avantage de fournir des données numériques confirmant l’importance de prendre soin de la vie des sols. Les chercheurs soulignent que d’autres organismes du sol pourraient être tout aussi importants dans la production agricole et que de nombreuses études doivent encore être menées. La vie des sols est en réalité un monde encore largement inexploré. Cependant, la majeure partie de la biodiversité sur Terre vit dans le sol, pas au-dessus ! Dans un gramme de sol, les scientifiques estiment qu’il existerait entre 10 000 et 100 000 espèces bactériennes différentes, encore mal connues.
L’étude de la rhizosphère, lieu d’interaction des racines et des micro-organismes du sol, est source de nouvelles solutions pour l’agriculture de demain, afin de mieux comprendre la croissance des plantes et leurs réponses aux stress (maladies, pénurie d’eau, etc.). Mais aussi pour améliorer la séquestration du carbone.
Parallèlement, les chercheurs qui ont mené l’étude sur les vers de terre appellent à la promotion de pratiques agroécologiques pour conserver et régénérer les sols, conduisant à une meilleure résilience de l’agriculture aux risques actuels et futurs.