En Belgique, la situation des demandeurs d’asile est critique

Au milieu du débat européen sur la réforme du système d’immigration européen, la capitale européenne elle-même est confrontée à une pénurie flagrante de places d’accueil.

« Est-ce que des gens y vivent ?« Dans ce sous-sol de la rue de Loi, à Bruxelles, au coeur du quartier européen, une quarantaine de demandeurs d’asile vivent dans un immeuble abandonné. »Ils prennent leur bain, ici : une pièce qui est une évacuation des eaux usées», explique Thomas, 26 ans, bénévole qui aide les demandeurs d’asile en Belgique.

>> Les demandes d’asile ont augmenté de près de 30% au premier semestre 2023 dans l’Union européenne

Ici, on n’hésite pas à parler de crise. Alors que les Européens restent divisés sur la question de l’immigration, malgré une forte augmentation du nombre de demandeurs d’asile dans l’UE, le pays est déchiré par les pressions migratoires et le manque de places d’accueil, qui font régulièrement la une des journaux. La crise a atteint un tel point que le gouvernement a décidé de ne pas accepter d’hommes célibataires dans ses centres d’accueil pour laisser de la place aux familles. Une décision qui suscite un grand tollé, sur fond de climat pré-électoral à 9 mois des prochaines élections nationales et européennes.

C’est le cas d’Amin, un Afghan de 30 ans. Il était éligible à l’asile, avait déposé sa demande cinq mois plus tôt et devait donc être hébergé par l’État belge. Mais il vient de passer plusieurs mois dans la rue et dans cette position accroupie : «C’est très difficile sans électricité ni eau… Je sais qu’en 2016, beaucoup de migrants sont venus en Europe. A cette époque il y avait des places, mais plus maintenant« , constate-t-il. A côté de lui, Issa, le Sénégalais, est également venu seul frapper à la porte de l’Europe. « J’ai choisi Bruxelles parce que c’est la capitale de l’Union européenne. C’est là que nous respectons les droits de l’homme« .

« Cinq personnes pour chaque commune. »

C’est pourquoi 2.200 hommes célibataires demandeurs d’asile se trouvent dans les rues de Bruxelles, la seule ville belge où ils peuvent déposer leur demande. En cas de crise, la loi prévoit leur répartition sur tout le territoire. Le gouvernement, bien que condamné par la justice pour son inaction, ne veut prendre aucune mesure, déplore Sutieta Ngo, directrice générale du CIRÉ : «Aujourd’hui, si l’on répartissait les personnes sans accueil entre toutes les communes de Belgique, ce serait cinq personnes par commune. Plus personne ne dort sur le trottoir ! »

« Nous négocions déjà des places avec les municipalités« , répond le secrétaire d’État chargé de l’Asile, qui rejette la répartition forcée. Nicole De Moor compte sur l’Europe pour s’assécher et gérer le flux des arrivées. « En 2019, nous avons démarré avec 21 000 places d’accueil. Aujourd’hui, nous en avons 35 000. Mais je veux être honnête : la simple création de nouveaux centres d’accueil ne résoudra pas la situation. « Si nous ne procédons pas à des réformes profondes au niveau européen, nous ne pourrons jamais résoudre la profonde crise que connaît la Belgique. »a-t-elle plaidé dans une interview à la radio publique belge.

La Belgique, qui assume la présidence de l’Union européenne le 1er janvier, entend finaliser l’accord des 27 sur la répartition des demandeurs d’asile.

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