Logement : Il est urgent de reconsidérer le classement des DPE
En 2021, le législateur a choisi d’accélérer la transformation environnementale des logements pour lutter contre le changement climatique. Le logement est évalué selon le Diagnostic de Performance Énergétique (DPE). À partir de 2025, les logements classés G ne seront plus considérés comme des « logements convenables » et ne seront donc plus louables.
De nombreux propriétaires ont déjà fait les travaux pour se conformer à cette disposition. Cependant, dans un grand nombre de cas, ces travaux coûteux – isolation intérieure, double vitrage, VMC, radiateurs performants, ou encore toiture et isolation extérieure – n’ont pas suffi à changer la classe d’un bien.
La décision de principe de retirer du marché les logements classés G ne fait aucun doute. C’est la méthode de classification qui pose problème. L’examen réalisé par les diagnostiqueurs doit respecter les conditions fixées par l’administration. Le logiciel de calcul prend en compte et surestime certains éléments, notamment l’année de construction et les matériaux utilisés, ainsi que l’importance des surfaces sujettes aux déperditions thermiques. Ainsi, un appartement au dernier étage, ou comportant plusieurs façades ou pignons, ou encore avec cour intérieure ou donnant sur les escaliers, sont autant d’éléments qui détériorent irrémédiablement « l’indice de compacité thermique ».
Les diagnostiqueurs sont parfaitement informés et alertent les services, mais rien ne change.
Malgré les dépenses engagées qui peuvent rapidement atteindre plusieurs dizaines de milliers d’euros et la bonne volonté des acteurs concernés, ces logements restent classés dans la catégorie des logements dits « inadéquats ». Seuls des travaux massifs sur les pignons, les cours intérieures ou les escaliers, qui relèvent de la décision des copropriétaires, permettront de modifier le classement. Sans parler des limitations architecturales ! Finalement, quel est l’intérêt des propriétaires à financer ces travaux ?
Cette situation est catastrophique et potentiellement explosive. Elle touche d’abord les propriétaires qui doivent se préparer à des dépenses inutiles et à une forte baisse de la valeur des biens, qui deviennent plus petits (l’isolation intérieure fait facilement perdre des mètres carrés de surface et le loyer diminue), non louables, voire invendables. Pourtant, pour beaucoup d’entre eux, le loyer est un accessoire de la retraite.
La situation concerne également les locataires, puisque des milliers d’appartements seront retirés du marché locatif. Cela est particulièrement vrai pour les petits espaces, adaptés à la location étudiante, mais pénalisés par un indice de compacité thermique défavorable. Tandis que – et c’est bien dommage – le bien peut toujours être loué en location saisonnière !
Les diagnostiqueurs sont parfaitement informés et alertent les services, mais rien ne change. Les ministres concernés sont-ils conscients de la gravité de cette situation ? Ou ont-ils peur de paraître faire marche arrière ? La politique est un métier. Il faut savoir comprendre les situations avant de se lancer en allant droit dans le mur. Il y a beaucoup d’amateurisme et d’idéologie – car tout est fait au son de la trompette environnementale et sous couvert de démagogie politique – ce qui est alarmant. Il est nécessaire de faire évoluer la réglementation concernant la classification des diagnostics énergétiques.