
Séisme au Maroc : personne ne s’y attendait, mais aurait-on pu le prévoir ?
par Lauren Vertin
Publié le
Voir mon actualité

Un changement soudain se produit entre deux plaques tectoniques et la Terre se retrouve complètement à l’envers. Maisons, bâtiments publics, écoles… Le tremblement de terre qui a frappé le sud-ouest du Maroc dans la nuit du 8 septembre 2023 a condamné des milliers d’habitants et détruit un grand nombre de bâtiments.
Les scientifiques ont classé ce séisme de magnitude 7 sur l’échelle de Richter, et il est donc considéré comme particulièrement dévastateur.
Une telle mesure À la suite peut être. Mais avant que la tragédie ne frappe le Maroc, aurait-on pu espérer qu’il évite le pire ?
« Nous ne pouvons pas le prédire comme nous pouvons prédire la météo. »
« Non », répond Jérôme Vergne, sismologue à l’Ecole et Observatoire des sciences de la Terre (EOST) de Strasbourg, qui l’a contacté. actu.fr. « Pour l’instant, nous ne sommes pas en mesure de le faire. »
Car la sismologie n’a pas les prétentions de la météorologie : à quelle heure, à quel endroit et dans quelles conditions un tremblement de terre peut survenir, il n’est pas possible qu’il se produise.
On ne peut pas le dire, comme la météo : demain, il y a de fortes chances qu’un séisme de magnitude 5,0 atteigne Rennes vers 18h30 par exemple.
Il est donc impossible de prévoir un tremblement de terre à court terme. D’autre part, une partie de la communauté scientifique travaille aujourd’hui à détecter les signaux avancés de séismes majeurs, comme c’est le cas au Maroc.
Des signes avant-coureurs ?
Ces premiers signaux, qui seront en quelque sorte une étape préparatoire aux séismes, sont de plusieurs types : augmentation de l’activité sismique, dégagement d’un certain nombre de gaz, déformations observables du sol, etc.
Pour rappel, un séisme résulte d’un glissement brutal de deux plaques tectoniques, qui entraîne l’apparition d’une faille, c’est-à-dire une zone de rupture entre blocs rocheux.
C’est comme si vous essayiez de claquer des doigts : vous rapprochez vos doigts et à un moment donné vous essayez de couper. Puis ça bouge et ça casse. Il y a du son qui se propage : c’est l’équivalent des ondes sismiques. Dans le cas d’un tremblement de terre, à la place des doigts, se trouvent de gros blocs appelés plaques tectoniques.
Y avait-il des signes avant-coureurs lors du tremblement de terre au Maroc ? « À notre connaissance, non », répond Jérôme Vergne. « Nous n’avons rien vu dans les jours, les semaines et les mois qui ont précédé le tremblement de terre. »
Les données ne sont pas accessibles
Toutefois, les instruments de mesure doivent encore se trouver dans la zone d’activité sismique pour détecter les signaux d’alerte précoce.
Cela nécessite de disposer d’appareils proches de la zone susceptible de se briser, et qui plus est, d’appareils très sensibles.
Impossible, dans le cas du Maroc, de savoir si les appareils de mesure existent réellement et surtout d’accéder aux données. « On n’en sait rien, explique Jérôme Vergne. « Certains pays ne disposent pas nécessairement de tous les outils et ne communiquent pas les données. »
Même avec des signes avant-coureurs, il est impossible de prédire
Qu’il s’agisse de signes inquiétants ou non, le tremblement de terre au Maroc recèle son lot de mystères.
Mais pour d’autres sismologues, au sein de la communauté scientifique, c’est assez clair : les signes avant-coureurs ne sont pas là. Ou alors, s’ils existent, ils ne permettent en aucun cas de « prédire » un tremblement de terre.
Selon eux, les signaux d’alerte n’auraient pas pu se produire, car un grand tremblement de terre – comme celui survenu au Maroc – serait généré par de petits tremblements de terre qui pourraient se désintégrer :
Certains scientifiques pensent qu’un tremblement de terre majeur est un petit tremblement de terre qui continue de se rompre le long de la section de faille. Il faut savoir que dans la grande majorité des cas, la fissuration cesse et seul un petit séisme se produit. Parfois, il y a une sorte de réaction en chaîne et la faille entière se met à glisser : cela provoque un grand tremblement de terre.
Le débat tourne donc autour de la question de savoir si les divisions vont effectivement se poursuivre ou si elles s’arrêteront à la faute. Certains scientifiques pensent qu’il est impossible de le savoir.
Mais à long terme…
Au-delà du débat scientifique, il est toujours possible d’observer les plaques tectoniques et de déterminer quelles zones d’un pays sont les plus vulnérables à long terme.
Nous connaissons la vitesse totale à laquelle les plaques tectoniques se déplacent et nous connaissons le seuil de résistance des roches. Souvent, on sait quand le dernier séisme s’est produit sur une partie très active d’une faille, et on peut identifier les zones à risque.
Des cartes sont réalisées au niveau national et international pour identifier ces mêmes zones et permettre de prendre des mesures préventives, ne serait-ce que pour construire dans ces zones des bâtiments sismiques capables de résister à tel ou tel événement, ou encore, pour mieux sensibiliser la population.
Suivez toute l’actualité de vos villes et médias préférés en vous abonnant à Mon Actu.